Que regarde votre fils ?

Mariana Malaman

14/01/2015 à 20:41, Mercredi | Mis à jour le 22/09 à 16:07

Aux États-Unis, la violence entre les jeunes et les enfants, y inclus dans l’ambiance scolaire, est un motif de préoccupation permanente. Différents studieux essaient de comprendre le pourquoi du bullying*, des gangs, d’incidents, comme celui qui a eu lieu à l’Université de Virginia Polytechnic Institute, le 16 avril 2007, au cours duquel l’étudiant Cho Seung-Hui, de 23 ans, a tué 33 personnes, y inclus lui-même. Finalement, les réels motifs qui mènent la jeunesse à tant d’agressions est quelque chose à laquelle il faut sérieusement réfléchir. Certains chercheurs signalent la violence dans les médias comme étant une des responsables de ces dommages.

Les moyens de communication de masse divulguent, souvent, des visions du monde, des valeurs et des images questionnables. Une étude de l’institut Gallup Youth Survey (GYS) informe qu’aux EUA, un enfant entre 2 et 11 ans reste devant la télévision, en moyenne, pendant 3 heures et 16 minutes par jour. Dans ce même travail, les jeunes ont dit qu’ils regardent la TV « tant qu’ils veulent ». D’après l’Association nationale pour l’éducation d’enfants mineurs, des EUA, 90% de ce que les enfants regardent à la télévision sont des « programmes dédiés aux adultes ».

L’Académie Américaine de Pédiatrie, en reconnaissant la violence dans les médias comme risque significatif pour la santé de l’enfance et de la jeunesse, recommande de limiter le temps total devant l’écran (étant ici inclus la Télé, l’ordinateur et les vidéo jeux) à deux heures par jour.

Comportement agressif

À la recherche de réponses, une étude à grande échelle promue, à partir de juillet 2005, par des chercheurs de la Faculté Rutgers (New Jersey) et de l’Université de Michigan, a fourni de nouvelles évidences sur le thème. La recherche, publiée en février de cette année, éclairci que, même lorsque d’autres facteurs sont considérés — tels que problèmes académiques, émotionnels et influences en provenance de la violence dans la communauté — « la préférence pour les médias violents était un indice de comportement violent et d’agression en général ».

Le professeur de psychologie Paul Boxer, en commentant le travail qu’il a dirigé, souligne : « la majorité des études sur le rôle de la violence dans les médias sur le comportement des jeunes est, généralement, réalisée en laboratoires, sans interaction avec le public cible ».

Depuis 2004, Boxer est engagé dans l’investigation sur la violence dans les moyens de communication et leur influence sur le comportement criminel juvénile. Le scientiste remarque que, malgré que les jeunes ne soient pas « obligés à regarder la violence à la télévision, le simple fait qu’elle soit si disponible dans les médias, la rend populaire parmi eux ».

L’équipe est arrivée à la conclusion que la programmation d’un niveau plus élevé de violence collabore à la prévision des comportements agressifs. En contrepartie, les adolescents non exposés aux médias violents, n’ont pas autant de tendances à présenter des comportements négatifs. Les conclusions de ces recherches montrent que toute la société doit tenir compte de ces facteurs, vu la grande responsabilité des moyens de diversion, des éducateurs et, principalement, des parents.

« Il n’y a aucun avantage pour l’enfant de regarder des programmes de TV, des films et/ou de jouer avec des jeux violents. Il n’existe rien de positif pour lui dans tout cela. Cela ne fait que stimuler des pensées hostiles et augmente le comportement négatif », déclare Paul.

Ce raisonnement vient confirmer les paroles du journaliste et écrivain Paiva Netto, président de la Légion de la Bonne Volonté (LBV), lors de l’inauguration du Centre Éducatif, Culturel et Communautaire de l’Institution à Rio de Janeiro (Brésil), le 2 mars 1996. À l’occasion, face à plus de 110 mille personnes, il fit cette réflexion : « L’enfant ne rend que ce que la société lui donne. Si la société lui donne des ordures, il va rendre des ordures. Mais si elle lui donne de l’Amour – ce qui veut dire Fraternité, Solidarité – il sera plus beau d’Esprit et de visage ».

En prenant connaissance de ce discours de Paiva Netto, le psychologue Paul Boxer a fait le commentaire suivant : « C’est un parallèle juste. Le média violent est de l’ordure, sous cette perspective. Elle produit de la violence, qui est également de l’ordure dans le sens qu’elle est indésirable pour la société. Donc, si nous la remplaçons par une communication positive, cela transformera l’attitude de ces enfants. Il est certain que la société ne peut que se bénéficier, si les nouvelles générations sont chaque fois moins exposées aux médias violents ».

La préoccupation avec la formation de la citoyenneté œcuménique des jeunes, sans oublier la citoyenneté de l’Esprit – ainsi que le définit Paiva Netto – doit être la responsabilité de tout le monde, aussi bien des gouvernements que des familles. Et, il est évident qu’aucune société ne sera bénéficiée par une jeunesse agressive, révoltée et violente.

En mettant encore l’emphase sur la pensée du dirigeant de la LBV, il est bon de souligner un extrait de son article « L’équilibre pour objectif », compilé à partir d’improvisations de l’auteur pendant la décade de 1990, dans lequel il met en évidence le chemin pour le changement : « La compréhension des masses ira mûrissant jusqu’à ce qu’elles comprennent la valeur de la citoyenneté, dans son sens large, car il n’est pas suffisant de ne considérer le citoyen que dans son contexte physique, mais aussi dans le spirituel, vu que toute composante des groupes humains est, en résumé, constituée de corps et d’Âme. Finalement, nous sommes Esprit à l’origine ».

Matière publiée dans le magazine Bonne Volonté nº 224. Renseignements : francais@boavontade.com.
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* Bullying — Dans les études sur le problème de la violence scolaire, ce terme, dont l’origine se trouve dans la littérature psychologique anglo-saxonne, définit un ensemble d’attitudes agressives et antisociales, intentionnelles et répétées, adopté par un ou plusieurs élèves à l’encontre d’un autre élève (ou d’autres élèves), lui (leur) causant angoisse, douleur et souffrance.

*Mariana Malaman, élève de Sciences Politiques de Rutgers (Nova Jersey/EUA).