Comment va votre audition ?

Otorhinolaryngologie : l’un des plus éminent spécialistes au Brésil parle du soin de vos oreilles.

De la rédaction

29/10/2014 à 15:38, Mercredi | Mis à jour le 22/09 à 16:57

Acouphènes, perte d'audition, vertige et sensation de pression dans l'oreille, ces symptômes sont révélateurs d'une maladie encore peu connue : le syndrome de Ménière. Bien que n'étant pas suffisamment divulgué, le problème nécessite une attention particulière dès l’apparition des premiers signes.

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À l'invitation de la revue BONNE VOLONTÉ, l'un des otorhinolaryngologistes les plus renommés et respectés du Brésil a clarifié les principales questions sur cette pathologie. D’après le Dr. Jair de Carvalho e Castro, qui dirige le département d'otorhinolaryngologie à la 2e Infirmerie de l’Hôpital de la Santa Casa da Misericordia de Rio de Janeiro, au Brésil, le syndrome de Ménière peut survenir à tout âge, mais il est plus fréquent chez les adultes entre 40 et 50 ans, avec une petite prépondérance chez les femmes. Dans l'interview, le médecin a également averti des soins nécessaires pour maintenir une bonne santé auditive.

Nathália Valério

Dr. Jair de Carvalho e Castro

BONNE VOLONTÉ — Qu'est-ce que le syndrome de Ménière ?

Dr. Jair de Castro — C'est une maladie déjà bien établie depuis le milieu du 19e siècle. Elle se caractérise par une tétrade, c'est-à-dire, la perte d'audition, des acouphènes, des vertiges et une sensation de pression dans l'oreille. Voilà l'image classique de la maladie. Parfois, un [symptôme] prévaut plus qu'un autre, parfois plus de perte d'audition ou de vertiges, ou plus d’acouphènes ou de pression, ou alors ils sont plus ou moins équilibrés.

BV — Quelle situation indique qu’il est temps d'aller chez le médecin ?

Dr. Jair de Castro — Si la personne présente un événement pendant quelques heures qui disparaît ensuite, rien de plus, il n’est pas nécessaire [d'aller chez le médecin]. Mais si cela se répète ou se poursuit, cela mérite d'être examiné. Nous avons l'habitude d'attirer l'attention sur l’oreille, aussi bien sur la part de l'audition que sur la part de l'équilibre, parce que ce système fonctionne comme un thermomètre de notre santé. Si l'oreille siffle, s’il y a une perte d'audition et s’il y a des vertiges, il se passe probablement quelque chose à distance... Chaque patient a ses caractéristiques, mais la maladie est la même.

BV — Existe-t-il une procédure spécifique pour détecter la maladie ?

Dr. Jair de Castro — En otorhinolaryngologie, nous avons une routine très semblable à celle d'autres spécialités. Nous cherchons à connaître les détails... le temps, l'incidence, la fréquence [des symptômes signalés], la profession du patient, son âge, s’il a des problèmes de santé, s’il utilise des médicaments de manière excessive, etc. Tout cela est très important pour comprendre à quel patient vous avez affaire. À partir de ces informations, on procède d'abord à un examen physique, où l'on observe le nez, la gorge et les oreilles. La seconde étape est l’investigation par des examens supplémentaires : audiométrie, impédancemétrie, électrophysiologie de l'audition et un plus spécifique pour la maladie de Ménière, appelé électrocochléographie.

BV — Avec cela, est-il possible de confirmer le diagnostic ?

Dr. Jair de Castro — Grâce à ces examens, nous pouvons obtenir une information assez précise sur la façon dont l'appareil auditif fonctionne. Éventuellement, suivant ces résultats, [on demandera] d'autres examens, comme une analyse de sang de base : hémogramme, analyse des graisses, glycémie, hormones... Certains patients peuvent avoir besoin d'examens supplémentaires d’image par tomographie : scanner ou IRM. Avec cet ensemble d'informations, vous connaissez déjà le profil du patient. Ces examens sont exécutés les uns à la suite des autres, et au fur et à mesure qu'ils arrivent, ils nous fournissent des informations qui permettent de conclure le diagnostic.

BV — Quand le diagnostic est confirmé, quelle est la prochaine étape ?

Dr. Jair de Castro — Tout d'abord, établir une relation amicale entre le médecin et le patient. Aussi bien en clinique privée qu’à l’Hôpital de la Santa Casa da Misericordia de Rio de Janeiro, nous lui expliquons ce qu'est la maladie... que bien que ce soit inconfortable, cela ne va pas créer plus de problèmes dans sa vie quotidienne. Nous le conseillons sur les examens effectués, nous parlons un peu avec lui de son état de santé, de ses habitudes alimentaires et nous prescrivons les médicaments en fonction de chaque phase du syndrome. (...) La maladie de Ménière a certaines caractéristiques, mais elle varie d’une personne à l'autre, il faut ajuster le dosage des médicaments. Un autre point extrêmement important est lié aux habitudes de vie du patient. En plus de réduire l'ingestion de sodium [sel de table] et de caféine, nous lui recommandons de ne pas rester plus de trois heures sans manger.

BV — Le syndrome de Ménière peut entraîner une surdité totale ?

Dr. Jair de Castro — On peut arriver à une surdité presque totale : non seulement une perte d'audition importante, mais aussi la perte de la compréhension de la parole. Outre qu’on entend mal, on ne comprend pas. L'ouïe est un sens extrêmement important, les malentendants souffrent beaucoup à la maison, au travail, dans la rue, alors ils commencent à s’isoler, à décliner les invitations familiales, sociales... Donc, le message que nous voulons transmettre, c'est que tous les malentendants ont la possibilité d'être aidés. Entendre est fondamental non seulement pour la vie sociale, familiale ou professionnelle, mais aussi pour le bien-être psychique du patient.

BV — Quelle est le volume-limite approprié pour l'oreille ?

Dr. Jair de Castro — Ce serait entre 85 et 90 décibels. Vous devez mettre le son à un volume confortable. Ce que nous avons constaté, c'est que la personne commence avec un son confortable et après quelques temps, elle l’augmente, ce qui montre déjà un certain degré de perte auditive. Ce processus ne s'installe pas d'un jour à l'autre, c’est long et normalement, quand la personne cherche de l'aide, elle a déjà une lésion probablement irréversible.

BV — Donc, on devrait commencer très tôt à faire attention à l’audition ?

Dr. Jair de Castro — Cela commence pendant la grossesse. La mère a besoin de soins, de conseils prénataux, de ne pas prendre de médicaments, d’antibiotiques — pas tous, mais les antibiotiques qui peuvent endommager l'appareil auditif. Ne pas fumer, ni boire, ni faire l'usage de drogues. À la naissance, l'enfant doit faire un test d'audition, parce que si celle-ci ne fonctionne pas, il doit suivre un traitement. S'il n'est pas diagnostiqué avant l’âge de 24 mois, la réhabilitation est extrêmement difficile. Aujourd'hui, on est en mesure de poser un implant cochléaire chez un enfant né avec une audition nulle, de sorte qu’il ait la possibilité de rétablir sa capacité auditive et une vie normale. Notre métier est d’aider les gens à mieux vivre.

BV — Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui présente déjà des problèmes d'audition ?

Dr. Jair de Castro — Cherchez de l’aide. Vous obtiendrez un soutien, des conseils, vous serez soigné, vous aurez des médicaments... vous aurez les moyens de vous rendre la vie plus agréable, une vie qui vous fait plaisir. Je crois que le but de la vie est de vivre vraiment mieux, d'être en intégration avec les autres, avec la famille, avec la collectivité. La santé est un bien divin, nous devons donc en prendre soin.