Déclaration de la LBV pour la 59e session de la commission de la femme

De la rédaction

05/03/2015 à 23:08, Jeudi | Mis à jour le 22/09 à 16:57

Afin de contribuer aux discussions de la 59e session de la Commission de la condition de la femme, la Légion de la Bonne Volonté a rédigé un document (transcrit ci-dessous) dans lequel elle partage ses meilleures pratiques dans les domaines de l’éducation et l’aide sociale. « Beijing+20 (2015) », thème de la conférence, sera une excellente occasion d’un examen du bilan des progrès et des reculs survenus depuis 1995, pendant la Conférence de Beijing, une étape importante dans la lutte pour l’égalité des sexes et la fin de la discrimination contre les filles et les femmes.

Malgré le progrès social et économique significatif réalisé par de nombreux pays au cours des 20 dernières années, les inégalités entre hommes et femmes persistent toujours. La nécessité pressante de réaliser de plus grands progrès nous encourage à la Légion de la Bonne Volonté (LBV), organisation de la société civile, à élaborer en faveur des familles et des communautés, des programmes éducatifs et d’aide sociale qui reconsidèrent et discutent les modèles culturels existants afin d’être plus inclusifs dans une perspective d’égalité raciale et entre les sexes.

Nous pensons que les inégalités actuelles persistent parce que les origines de la situation — l’impréparation de millions de gens à la connaissance de soi et à la cohabitation avec la diversité — n’ont pas encore été traitées. Ce sont des questions complexes et délicates qui ne peuvent pas être reléguées au bas des priorités car elles requièrent de politiques publiques efficaces immédiates. C’est pourquoi il est nécessaire de rééduquer les personnes pour qu’elles soient prises en compte, de transformer et de rendre plus fraternelle la société. C’est ce que nous souhaitons mettre en oeuvre dans les 150 villes qui comptent sur le travail de la Légion de la Bonne Volonté de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, des États-Unis, du Paraguay, du Portugal et de l’Uruguay.

ÉDUCATION : UN OUTIL POUR LE DÉVELOPPEMENT INCLUSIF

L’éducation doit être structurée comme un outil de transformation, comme l’affirme l’éducateur brésilien José de Paiva Netto, président de la LBV, dans les articles qu’il a publiés dans la presse depuis les années 80 et qui ont été regroupés et publiés dans son livre intitulé É Urgente Reeducar! [Il est Urgent de Rééduquer!], qui est la base de la proposition éducative de l’Organisation : 

« C’est dans l’enseignement que réside le grand objectif à atteindre, dès maintenant ! Et nous allons plus loin, « seule la rééducation, même des éducateurs », comme le préconisait Alziro Zarur (1914-1979), le regretté fondateur de la Légion de la Bonne Volonté, peut nous garantir des temps de prospérité et d’harmonie. Il est urgent de se rééduquer pour pouvoir  rééduquer. (...) Tant que ne prévaudra pas l’enseignement efficace souhaité par tous ceux qui ont du bon sens, toutes les nations souffriront l’enfermement par les limitations que leur impose l’impréparation. » (Paiva Netto, 2010).

Le rapport à l’UNESCO de la Commission internationale sur l’éducation pour le 21e siècle s’aligne sur cette conception :

« L’utopie directrice qui doit nous guider est de faire converger le monde vers plus de compréhension mutuelle, plus de sens de la responsabilité et plus de solidarité, dans l’acceptation de nos différences spirituelles et culturelles. L’éducation, en permettant l’accès de tous à la connaissance, a un rôle bien précis à jouer dans l’accomplissement de cette tâche universelle : aider à comprendre le monde et à comprendre l’autre, afin de mieux se comprendre soi-même » (Delors, 1996).

L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) propose quatre piliers de l’éducation, en plus d’un cinquième sous le thème du développement durable. Les pays ont fait des progrès remarquables pour les deux de ces cinq piliers (« Apprendre à savoir » et « Apprendre à faire »), qui sont de nature plus technique, en créant des normes et des stratégies d’évaluation à caractère national et même international, telles que le PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Les autres trois piliers (« Apprendre à être », « Apprendre à vivre ensemble » et « Apprendre à se transformer soimême ainsi que la société »), l’objectif est de doter les individus de compétences socioenvironnementales et de réflexion critique. Avec ces piliers à caractère plus holistique et social, toutefois, les résultats globaux sont plus diffus, subjectifs et sans des outils opérationnels d’évaluation. En ce sens, notre expérience de six décennies peut apporter une grande contribution, compte tenu du fait que chaque année notre impact est de plus en plus grand. Pour la seule année 2013, en sommant les chiffres des sept pays où ce travail est réalisé, nous avons assuré 12 millions d’accueils et de bénéfices à la population en situation de vulnérabilité sociale. 

Avec cet objectif, nos éducateurs ont élaboré des lignes directrices relatives aux programmes du primaire et du secondaire, en partant du principe que chaque personne doit être considérée comme un être complet, en d’autres termes, un êtreesprit biopsychosocial. Cette proposition, qui recouvre un champ assez large, peut être appliquée dans les contextes sociaux et culturels les plus divers ; notre système scolaire est non-confessionnel et nos élèves sont issus de familles avec une tradition religieuse et non religieuse très diversifiée. 

Les contenus pédagogiques ont été élaborés à partir des besoins sociaux, cognitifs et spirituels de chaque groupe d’âge, en dialoguant avec les piliers de l’éducation proposés par l’UNESCO et aux paramètres des programmes nationaux des pays. Des thèmes spécifiques ont été définis pour chaque niveau et sont développés en détail chaque trimestre.

Cette proposition vient également en soutien aux familles. Nous favorisons l’envoi d’équipes multidisciplinaires dans les écoles  
(composées de psychopédagogues, de travailleurs sociaux, des psychologues, des nutritionnistes et autres professionnels). Tout cela permet de garantir des excellents résultats scolaires, d’assurer des taux d’absentéisme zéro et de garantir un environnement sans drogues et sans violence dans le réseau de l’enseignement de la Légion de la Bonne Volonté.

Les thèmes sont développés en profondeur dans la matière Culture OEcuménique et abordés de manière transversale dans les autres. Pour cela, des sessions de formation, d’alignement, d’échange d’expériences et de références pédagogiques sont tenues avec les enseignants avant chaque trimestre.

L’équipe pédagogique définit les compétences opérationnelles et/ou compétences comportamentales appropriées pour chaque groupe d’âge. Pour résumer, voici quelques-uns des objectifs :

• examiner le sens de la vie en observant les différentes approches culturelles, sociales et spirituelles du thème, afin de tirer des conclusions en ce qui concerne les nombreuses qualités humaines qui ne sont pas limitées à la situation matérielle de chaque individu ;
• comprendre les aspects de sa propre identité, afin de se rendre compte de la nécessité humaine de la coopération et investiguer le rôle de l’amitié et de la spiritualité dans l’atteinte du bien-être personnel et collectif ; 
• développer le concept de « Liberté » et le rattacher à la pratique de la responsabilité et de la charité, dans son sens large de la
solidarité et de l’altruisme ; 
• analyser les sentiments de bonheur, en comprenant sa relation avec la pratique d’un oecuménisme et d’une charité globales dans
la construction d’une Culture de la Paix ;
• se connaître soi-même, en comprenant la nécessité de vivre en groupe (famille/communauté) et l’importance d’avoir de bonnes relations ;
• se reconnaître comme un être unique, doté de qualités et de talents qui doivent être partagés afin d’être multipliés ;
• se reconnaître dans le prochain, en pratiquant la solidarité, le respect et l’amitié ; 
• reconnaître la valeur de la religiosité, en comprenant les valeurs et les voies empruntées par l’humanité à la recherche de son origine spirituelle ; 
• connaître l’importance de la camaraderie et des bonnes actions visant à renforcer la citoyenneté solidaire. 

Nous estimons qu’il est essentiel de préserver pour les écoles leur autonomie ; il appartient aux parents et aux tuteurs légaux de choisir le type d’éducation qu’ils veulent pour leurs enfants et adolescents. Toutefois, de manière générale, juste une minorité de familles ont le privilège d’exercer ce droit. Il y a également un risque que cette position représente une incitation tacite à introduire un enseignement exclusivement axé sur du contenu, qui vise avant tout à préparer les élèves pour le monde académique et professionnel, ce qui est nécessaire, mais superficiel au regard des défis sociaux et environnementaux auxquels nous devons faire face.

Dans ce contexte, les familles les plus pauvres, où les parents ont une formation insuffisante et les enfants vont rarement à l’école, sont pénalisées par les effets néfastes de la publicité ciblant les enfants et des médias qui apportent peu ou pas du tout de changement à leur réalité, et qui souvent renforcent les préjugés et les stéréotypes existants, y compris à l’égard du rôle des sexes et de la place des différents groupes ethniques dans une société.

En ce qui nous concerne à la Légion de la Bonne Volonté, « les médias jouent également un rôle essentiel dans l’Éducation, en particulier chez les enfants. Ce que l’on voit aujourd’hui est une « déséducation » de l’enfance par la violence, par la pornographie, par l’absence d’un ensemble de valeurs et de principes qui conduisent à une sécurité intime face aux défis d’un monde en constante transformation. Et cette base infantile qui périclite continue à travers l’adolescence et à l’âge adulte. Quel dommage ! » (Paiva Netto, 2010).

GOOD WILL STUDENTS FOR PEACE

Pour promouvoir une approche plus approfondie sur les sujets à caractère social tels que l’égalité entre les sexes dans des écoles qui ne sont pas partie de notre réseau, nous avons créé le programme Good Will Students for Peace [Élèves de Bonne Volonté pour la Paix]. Cette technologie sociale est appliquée dans les écoles de régions à bas revenu aux États-Unis où les éducateurs de la Légion de Bonne Volonté travaillent en collaboration avec les éducateurs d’écoles publiques partenaires. Elle consiste à intégrer des projets à caractère éthique aux programmes de l’école, afin d’aider les enfants et les jeunes à améliorer leurs performances académiques tout en développant des attitudes de leadership solidaire.

Le programme est conforme à notre politique d’enseignement (détaillée cidessous), qui a sa propre méthodologie, la MAPREI — Méthode d’Apprentissage par la Recherche Rationnelle, Émotionnelle et Intuitive. Il se compose de six étapes qui ont été condensées dans des trois phases : mobilisation et engagement ; Développement d’activités collaboratives ; présentation des resultats et internalisation individuelle. Les élèves participent à différents projets, débattent et, surtout, « mettent la main à la pâte » dans des activités externes qui ont un impact sur leurs communautés.

À la fin de chaque cycle, une grande assemblée réunit tous les élèves, les familles et les éducateurs de l’école. Les résultats des projets développés sont présentés à tous et ensuite nous promouvons une cérémonie de remise des diplômes et de reconnaissance, dans  laquelle chaque élève reçoit un badge, symbole de son engagement permanent pour la cause en question. 

Le niveau de participation des élèves et l’utilisation de questionnaires structurés avant et après le projet fournissent les indicateurs pour le suivi de ce travail. Les résultats positifs sont évidents dans l’amélioration de leurs performances académiques qui, en retour, rend service à l’école désormais à l’abri de la violence. En 2014, la LBV des États-Unis a reçu la reconnaissance officielle de la municipalité d’Orange City, dans le New Jersey, en raison des résultats atteints dans le cadre du programme.

LIGNE PÉDAGOGIQUE 

La demarche éducative à laquelle Paiva Netto s’est consacré propose un nouveau modèle d’apprentissage, qui associe « le Cerveau et le Coeur ». Appliquée avec succès dans le réseau socioéducatif de la Légion de la Bonne Volonté, elle possède essentiellement deux segments :

• la Pédagogie de l’Affection, centrée sur les enfants jusqu’à 10 ans, qui combine le sentiment et le développement cognitif des
plus petits, de sorte que l’amour et l’affection imprègnent toute la connaissance transmise ainsi que l’environnement dans lequel ils
vivent, y compris l’environnement de l’école ; 
• la Pédagogie du Citoyen Œcuménique, ou Citoyen Solidaire, centrée sur les adolescents et les adultes, qui permet de 
rechercher le plein exercice de la Citoyenneté Planétaire.

La ligne pédagogique de la LBV « repose sur les valeurs issues de l’Amour Fraternel, apportées à la Terre par plusieurs personnalités, notamment par Jésus, le Christ OEcuménique, donc universel, le Divin Homme d’État » (Paiva Netto, 2010).

Il faut noter que le terme « OEcuménique » est utilisé par la LBV dans son sens étymologique, qui signifie « ce qui a une envergure mondiale, ce qui est universel » ; il n’est pas restreint au domaine de la religion. 

DÉVELOPPEMENT SOCIAL 

Outre les fronts d’action à caractère éducatif et préventif, nous disposons d’autres programmes d’assistance sociale essentiellement orientés vers les femmes qui aujourd’hui vivent des situations de vulnérabilité ou dont les droits sont violés (conformément aux exigences de chaque territoire), ce qui atteint tous les groupes d’âge, avec des objectifs différents (apprendre à vivre ensemble et à renforcer les liens, insertion productive, maternité sans risques et leadership social).

Nous offrons une assistance individuelle et organisons des ateliers qui permettent aux participantes d’exercer leurs droits, renforçant ainsi leur autonomie à mesure qu’elles construisent ou reconstruisent leurs projets de vie individuels, familiaux et communautaires. Chaque jour, nous transformons des milliers d’histoires de vie. 

Pour conclure, nous réaffirmons notre engagement à la cause de l’égalité entre les sexes ; en tant qu’organisation de la société civile brésilienne, c’est un honneur pour nous de prendre part à cette action continue et collective depuis la quatrième Conférence mondiale sur les femmes à Beijing, en Chine. Nous sommes à l’entière disposition des organisations et gouvernements Intéressés par nos méthodes et nos technologies sociales éducatives, notamment dans les domaines de l’assistance sociale, de l’éducation et de la communication sociale.

BIBLIOGRAPHIE
Delors, Jacques. L’éducation : un trésor est caché dedans. Paris : Unesco, 1996.
Paiva Netto, José de. É Urgente Reeducar! São Paulo : Elevação,
2010.