Une eau sûre pour tous

Marco Antonio Palermo

04/05/2015 à 18:44, Lundi | Mis à jour le 22/09 à 16:08

Daniel Trevisan

Marco Antonio Palermo*

On estime que le Brésil possède 12% des réserves d’eau douce disponibles sur la planète. Cependant, ces ressources sont inégalement réparties, 70% sont concentrées dans le bassin amazonien, qui comprend 63% du territoire brésilien, mais représente seulement 5% de la population du pays. Le nord-est semi-aride, incluant la plus grande partie du bassin hydrographique de la rivière São Francisco, qui représente 8% du territoire brésilien et abrite 35% de notre population, dispose seulement de 4% des ressources hydriques disponibles.

Dans les régions du sud et du sud-est, où est concentrée 60 % de la population brésilienne, se trouvent de grands centres urbains. Un vigoureux développement industriel s’y est produit depuis le milieu des années 1930 qui a provoqué au fil du temps une pénurie de ressources hydriques et d’importants conflits pour l’utilisation de l’eau.

La recherche de la garantie d’une eau sûre, en termes de quantité et de qualité, a été un objectif persistant de la société brésilienne au cours des décennies de 1940-1970. Pendant cette période, le Brésil s’est transformé : il a cessé d’être à prédominance rurale pour devenir un pays où la plus grande partie de la population vit dans les villes.

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La production et la distribution d’électricité et l’approvisionnement public en eau ont été les principaux objectifs de l’administration publique jusqu’à la fin des années 1970. En quelques décennies ont été mis en place de nouveaux mécanismes institutionnels pour la gestion des secteurs de l’énergie électrique et de l’assainissement, permettant une évolution indispensable au maintien d’une qualité de vie compatible avec le modèle de développement qui a hissé le Brésil à la stature de l’une des plus grandes économies de la planète.

Dans les années 1980, le Brésil a connu une période de reformulation politique et institutionnelle. Le secteur des ressources hydriques a réalisé d’importantes conquêtes, avec l’introduction — dans la nouvelle Constitution Fédérale et dans les Constitutions des États de la Fédération — de principes comme celui de la gestion intégrée des ressources hydriques et des outils de gestion qui en résultent.

Nous sommes arrivés au début des années 1990 avec un nouveau cadre réglementaire multidisciplinaire pour gérer les ressources hydriques. La gestion intégrée prévoyait une intervention par bassins versants, de manière décentralisée et participative, où les utilisateurs et les institutions gouvernementales, de façon paritaire, devaient formuler des politiques pour la gestion des ressources hydriques, considérant les objectifs provenant des plans de bassins approuvés par des directions collégiales dénommées Comités de Bassins Hydrographiques et Conseils des Ressources Hydriques.

L’Action 21, le principal résultat de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (connue au Bré- sil comme Eco-92), a ratifié la nécessité d’une réforme de l’administration des ressources hydriques. À la chapitre 18 du document mentionné, on peut lire : « (...) Une gestion globale de l’eau douce en tant que ressource limitée et vulnérable ainsi que l’intégration des plans et des programmes sectoriels relatifs à l’eau dans le cadre des politiques économiques et sociales nationales sont absolument indispensables à toute action dans les années 90 et au-delà ». En suivant le document, on voit encore : « La gestion intégrée des ressources en eau est fondée sur l’idée que l’eau fait partie intégrante de l’écosystème et constitue une ressource naturelle et un bien social et économique dont la quantité et qualité déterminent l’affectation ».

À l’occasion du Sommet de la Terre, le Brésil s’est présenté en position d’avantgarde en matière de gestion hydrique. Son modèle de gestion, déjà conçu et dans une phase initiale de mise en place à l’époque, s’était montré en parfait accord avec les principes émanant de la conférence. Une des conséquences de cette position a été l’excellent résultat atteint par notre pays pour lever des fonds dans les pays les plus développés pour la récupération environnementale de zones fortement polluées, comme la rivière Tietê et la baie de Guanabara, dans les États de São Paulo et de Rio de Janeiro, respectivement ; ce sont des projets qui sont développés jusqu’à ce jour.

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Après la conférence, le Brésil a poursuivi l’amélioration des outils pour la gestion hydrique. La « Loi des Eaux » (Loi n° 9.433/97) a adopté les principes généraux recommandés dans divers documents qui synthétisent l’expérience internationale pour la gestion des ressources hydriques, et a aussi créé les moyens de base pour leur mise en œuvre effective.

Ensuite, avec la création de l’Agence nationale de l’eau (ANA) en 2000, une étape importante a été franchie : la mise en œuvre par le gouvernement fédéral et les gouvernements des États de la Fédération Brésilienne de projets pour concrétiser le paradigme de l’eau sûre pour tous, principalement à travers l’équilibre entre les investissements en infrastructure et les activités d’encouragement du développement ou de consolidation des cadres juridiques et institutionnels pour la gestion et l’utilisation efficace des ressources hydriques.

La Conférence de Rio+20 de l’ONU est l’occasion idéale pour dresser un bilan des actions de tous visant l’amélioration de l’environnement, en particulier des ressources hydriques. L’évolution de notre parcours a été permanente et efficace au cours des 20 dernières années.

Il existe une remarquable prise de conscience sociale sur la nécessité d’agir de façon de plus en plus intégrée sur la gestion de l’environnement. Actuellement, nous discutons non seulement la sécurité hydrique, mais aussi la sécurité environnementale comme un tout. Des questions comme celle des eaux en milieu urbain et des eaux internationales ne se limitent plus au cercle restreint des spé- cialistes, mais imprègnent progressivement toute la société.

L’eau en quantité et de qualité pour toutes les personnes ne peut pas être dissociée de la préservation environnementale des sources d’eau, du contrôle et du traitement des effluents, de la disposition correcte des déchets solides et de leur traitement et d’un drainage urbain efficace.

L’avenir de la consolidation des principes de la gestion des ressources hydriques requiert de plus en plus des partenariats entre les personnes, les institutions et les pays. Ces types de partenariats, marqués par des défis énormes et la nécessité d’avancées constantes, doivent continuer à se resserrer, en progressant vers des solutions aux problèmes qui menacent l’environnement.

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Marco Antonio Palermo a un diplôme de doctorat en Génie de Ressources Hydriques et un master en Génie Hydraulique et Sanitaire, à l’École Polytechnique de l’USP (Université de São Paulo, Brésil) ; un diplôme d’ingénieur hydrologue, à International Institute for Hydraulic and Environmental Engineering, à Delft, Pays-Bas ; il est consultant pour des institutions publiques et privées comme ANA (Agence nationale de l’eau), la LBV (Légion de la Bonne Volonté) et l’OEA (Organisation des États Américains). Il est président de l’Institut Pro-Environnement (IPA) et de l’entreprise Altamisa Engenharia e Comércio Ltda.